« Nos prestations ont regagné en valeurs. C’est une forme de reconnaissance de ce que nous apportons. Cette progression tient principalement aux effets de revalorisation liés à l’inflation qu’on n’avait pas eus depuis des années ». Philippe Vincent, président de la CNCC, analyse ainsi la croissance du chiffre d’affaires des commissaires aux comptes sur les audits réalisés au titre de l’exercice comptable 2023 et qu’ils ont déclaré en 2024 à la CNCC. Ce montant, qui ne comprend pas les missions de durabilité, s’élève à 3,3 milliards d’euros contre 3 milliards d’euros un an plus tôt. Selon le président de la CNCC, cette croissance de 10 % « est à peu près homogène toute catégorie de cabinet confondue. Il n’y a pas que les grands cabinets qui ont progressé », avance-t-il.
Cette tendance positive est toutefois à relativiser. Car le nombre de mandats détenus par les Cac a diminué, sur cette même période, de près de 5 %, montre le baromètre 2025 publié hier par la CNCC. Il est passé de 229 457 (mandats déclarés en 2023 au titre de la certification des comptes des exercices clos en 2022) à 218 547 (mandats déclarés en 2024 au titre de la certification des comptes des exercices clos en 2023). Sans surprise, la principale raison tient à l’érosion du nombre de mandats auprès des petites entreprises du fait de la hausse des seuils issue de la loi Pacte de 2019 (voir le graphique ci-dessous).
Source : CNCC, baromètre 2025
En effet, les sociétés dont la certification des comptes n’est plus obligatoire ont plutôt tendance à ne pas désigner de Cac. Lors des AG 2024, 44 % des mandats ont été renouvelés dans une démarche volontaire. Un taux quasi-identique depuis 2021. Résultat : environ 99 000 mandats dans les petites entreprises sont recensés dans les dernières déclarations d’activité contre environ 114 000 un an plus tôt. Et les honoraires s’élèvent à 600 millions d’euros contre 630 millions d’euros précédemment.
A terme, quelles sont les perspectives du commissariat aux comptes ? Plusieurs sujets sont susceptibles de toucher le secteur à plus ou moins longue échéance : le récent relèvement des seuils d’audit légal des comptes des sociétés commerciales qui s’applique, sauf pour les mandats en cours, aux exercices ouverts à compter du 1er janvier 2024, les missions nouvelles de certification du rapport de durabilité même si des incertitudes demeurent sur le périmètre et le calendrier ou encore le débat qui a ressurgi récemment sur le périmètre d’audit du secteur non lucratif.
Pour Philippe Vincent, il y a d’abord un sujet global : « La période dans laquelle nous entrons n’est pas la plus facile. La vague de dérégulation qui vient des Etats-Unis est en train de bouleverser bien au-delà de notre profession. Etant une activité réglementée, nous sommes dans une zone de risque ».
Mais le président de la CNCC est serein. « Je tiens à saluer le sang-froid de la profession par rapport à ce qui se passe. Nous restons — et c’est ce qui fait notre principale force — forts sur nos valeurs. Je reste très confiant sur l’avenir de la profession », résume-t-il. Et d’ajouter : « en matière de durabilité, que la réglementation évolue ou pas, le besoin est là. Sur le secteur associatif, ce n’est pas en enlevant le gendarme qu’on se simplifie la vie. La réalité est qu’aujourd’hui ce secteur traverse une crise profonde. Je milite — et c’est un travail qu’on va faire avec le milieu associatif — pour avoir une approche plutôt par les risques. La présence d’un commissaire aux comptes ne devrait pas être liée fondamentalement à un seuil mais à une situation de risque », développe-t-il.
